Le Mali est en deuil. Amadou Bagayoko, l’un des deux visages du mythique duo Amadou et Mariam, s’est éteint le 4 avril 2025 à Bamako à l’âge de 70 ans. Sa disparition laisse orpheline toute une génération bercée par les mélodies solaires de ce couple devenu symbole d’amour, de résilience et de fierté africaine.
Dès l’annonce de son décès, les hommages ont afflué de toutes parts. Le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé, a exprimé sa « consternation », saluant la mémoire d’un ambassadeur hors pair de la culture malienne. À Bamako, une veillée populaire s’organise déjà pour rendre hommage à ce monument.
Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, aurait également adressé un message privé de condoléances à Mariam Doumbia, la moitié désormais esseulée du duo. Un hommage national est en réflexion.
Les plus grandes voix du continent ont tenu à témoigner de leur tristesse.
« Encore une immense perte pour la musique malienne et africaine », a réagi Sidiki Diabaté, visiblement ému.
« Je ne trouve même pas les mots justes… », a confié Youssou Ndour, en s’adressant tendrement à Mariam.
Fally Ipupa, qui préparait une collaboration avec le duo, n’en revient pas : « On a cette collaboration incroyable qui n’a même pas eu le temps de voir le jour. »
Mais c’est sans doute Manu Chao, leur complice de toujours, qui a trouvé les mots les plus poignants :
« Amadou ! On sera toujours ensemble… avec toi partout où tu iras », a-t-il écrit sur Instagram, en mentionnant Mariam et Sam, leur fils musicien. Une douleur fraternelle, liée à cette aventure humaine et artistique débutée avec l’album Dimanche à Bamako, véritable passeport pour la scène mondiale.
Amadou Bagayoko, c’était bien plus qu’un guitariste. C’était un conteur, un visionnaire, un militant du vivre-ensemble, avec Mariam à ses côtés depuis leur rencontre en 1976 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako.
Leur voix résonnait à l’unisson pour défendre l’Afrique joyeuse, celle des mariages, des solidarités, des traditions métissées au son du rock, du blues et de l’électro. Leur art avait quelque chose de contagieux, de sincère, et leur notoriété s’était imposée sans jamais trahir leurs racines.
Ironie du destin : en septembre 2024, le couple chantait à Paris pour clore les Jeux paralympiques, avec une reprise poignante de Gainsbourg. Comme une prémonition, Amadou murmurait à Mariam et au monde :
« Je suis venu te dire que je m’en vais… »
Aujourd’hui, il est parti, mais sa guitare résonnera encore longtemps dans les cœurs, sur les ondes, et dans chaque rue du dimanche à Bamako.
Mychel T.






A PROPOS