Il y a exactement un an, le jeudi 30 octobre 2024, la Côte d’Ivoire perdait un grand nom de la mode : le couturier et modéliste Saint-Joe (de son vrai nom Joseph Ilboudo) s’éteignait à Abidjan des suites d’une courte maladie. Aujourd’hui, son héritage ne s’éteint pas puisque sa maison de couture continue d’exister, de créer, et de porter ses valeurs, offrant l’occasion de revenir sur son parcours, son œuvre et la manière dont sa vision se prolonge. Originaire de Ouagadougou, Joseph Ilboudo était arrivé en Côte d’Ivoire à la fin des années 1960. Après des études de modélisme en France, notamment à l’Académie internationale de coupe de Paris, il s'était installé à Abidjan, à Treichville, où il développa sa maison. Saint-Joe s’est imposé par une coupe fine, un travail sur mesure, et une attention particulière portée aux matières, notamment pour ses costumes pour hommes, mais aussi pour ses tenues féminines. Le créateur avait adopté une ligne discrète et exigeante, évitant la surmédiatisation au profit de la qualité et de la reconnaissance professionnelle. Un an après son départ, la maison Saint-Joe Création continue de fonctionner. Les équipes de l’atelier ont été maintenues et sa fille a assuré la direction, permettant aux collections emblématiques du maître, telles que « La ligne du temps », « Le Boucan », « Sahel » ou « Le Rétro », d'être relancées. Les successeurs veillent à respecter l’esprit initial du créateur tout en donnant un souffle contemporain à la griffe. Pour Saint-Joe, la couture était un vecteur de fierté, de raffinement et de reconnaissance de la mode africaine, visant à inscrire la création vestimentaire ivoirienne dans une modernité assumée et ancrée dans ses racines. Aujourd’hui, ses successeurs affirment vouloir préserver cette vision : la mode comme expression d’élégance, d’identité et de transmission. Le départ de Saint-Joe aurait pu sonner le glas d’une maison emblématique, mais la continuité est là, dans les coupes, dans l’atelier, et dans la passion intacte des artisans qui œuvrent désormais sous l’égide de sa mémoire.
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